kAmiKazE zEr0

10 novembre 2003

Descente aux enfers.

Il est trois heures du mat'. Je dors enfin. Paisible. Ce n'était pas gagné. Les derniers jours étaient agités. La descente chez les ShoShads, l'explication devant le Parain, toutes ces nuits blanches à écouter les sermonts des Anciens. J'étais rentré chez moi à 19h. Comme à l'accoutumée, personne pour m'attendre. Je vis au centre de la Métropole. Un petit quartier bourge, comme on disait avant. Mes voisins sont des petits vieux, qui ont déjà tout vu, de la guerre à la misère. Leur seul rêve est de mourir tranquillement chez eux. En attendant, ils espèrent toucher encore de la maille de la part de l'Etat. La population du quartier est assez homogène. Des vieux ou des "bourgeois", des gens sans problème. J'habite au 7ème étage d'un immeuble neuf, proche de la périphérie. La vue du salon est sublime. Les couloirs sentent encore le neuf. Mon appartement est un cinq pièces. Un luxe pour un célibataire. Un luxe dont je ne me prive pas, j'ai de quoi payer grâce à la Famille. 4 chambres, un double-salon, une grande cuisine.

Quand je suis rentré ce soir chez moi, cela faisait au moins une semaine que je n'avais pas mis les pieds dans cet endroit. Je passe tellement peu de temps dans mon appart, que j'ai l'impression de le redécouvrier à chaque fois que j'y retourne. Presque pas de meuble : un canapé noir trois places en cuir dans le salon, un table basse noire, un téléviseur SONY avec son meuble, immense, dont la taille est inversement proportionnelle à l'utilisation faite (je ne l'ai allumé que trois fois depuis son achat), un frigo, une machine à laver, un micro-ondes que je n'ai jamais utilisé, un tas de gadgets dont je ne me souviens même plus pourquoi je les ai acheté... et bien sûr mon lit.

Je m'étais débarrassé de mes vêtements avant de foncer prendre une douche. Ensuite, je m'enfonçai dans les draps propres et inodores. Il était à peine 20h. La fatigue cumulée au stress me donnait l'impression d'entendre des explosions à chaque fois que je fermais les yeux. Une demi-heure après, je dormais.

Une sonnerie retentit. Cela dure à peine trente secondes. Une éternité. Elle s'arrête. C'est mon portable. Trop fatigué pour répondre. Il fait trop bon dans mon lit. Biiiiiiiiiiiiiiiiip Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiip. Quelqu'un a laissé un message. Je l'écouterai demain. Le portable se remet à sonner. Le sommeil me quitte. Mais je ne me lève pas tout de suite. Je me mets sur le dos. Une troisième fois, le téléphone sonne. Je me lève doucement. Je prends le téléphone. Il a arrêté de sonner. Je décide quand même d'écouter le message. "Allo, 'est Gleck, ... s là?! rap.. moi, j'ai besoin de toi..." Qu'est-ce qui se passe encore? Le message était à la limite de l'audible. Je décide de la rappeler tout de suite. Une sonnerie. Une deuxième. Une troisième. Je me dis que ça ne devait pas être si important que ça. Quelqu'un décroche... mais ce n'est pas Gleck. "ALLO ALLO" me dit une voix, fortement empreinte d'un accent de l'Europe de l'est, sûrement russe (ou je ne sais quoi).

- Oui
- Je vais être bref, nous avons votre ami. Il nous doit 250000$. Apportez l'argent ou nous le tuons.

Je réponds pas. C'est quoi cette embrouille. Dans quoi Gleck s'est-il encore fourré? Et qui sont ces gens? Et si c'était un piège?

- J'ai pas d'amis. Vous faîtes erreur.
- Attendez...

Silence pendant quelques secondes.

- Allo , allo, ils m'ont attrapé.. ce soir, au casino....

C'est Gleck. Il a l'air mal au point.

La communication est coupé. Je décide de rappeler tout de suite. Le "Russe" répond :

- 250000$. Dans une heure au port de la Métropole. Entité D. Venez seul bien sûr.

Fin de la communication.


Où trouver cet argent? Dans quelle merde Gleck s'était-il encore mis? Et qui est cette personne?
Habillé en mois d'une minute. Je m'équipe du nécessaire.
A trois du mat', la circulation est fluide. Je suis au point de rendez-vous. En avance. Trop en avance. Il fait froid. Ils ne sont pas encore là. Impatient, je ne peux pas attendre dans la voiture. Cette attente m'est insupportable. Je vois s'approcher des phares. Deux véhicules. Ce sont des Mercedes, gros modèles, noires. Quatre hommes physiquement impressionnant sortent de la première voiture. Habillés d'un costard noir, chemise blanche, cravate. Je me dis "ça fait très mafia tout ça" ne mesurant pas immédiatement le danger qui se présente à moi. De la deuxième voiture, sort un homme d'une cinquantaine d'années, cheveux grisonnants, très grand et imposant. Tout de suite je l'imagine avec 20 ans de moins. J'imagine combien de personnes il a pu bien éliminé dans avoir recours aux armes, avec la simple utilsation de ses mains qui semblent peser dix kilos chacune. Et je me dis qu'il serait capable de faire de même avec ma tête aujourd'hui malgré le fait qu'il ait pratiquement le double de mon âge. Il s'approche au niveau de la première Mercedes. Un homme classe. Sûr de lui. Trop sûr.

- Vous avez l'argent?

Son accent trahit le fait qu'il ne vient pas de chez nous. Je n'ai jamais traité avec ces mecs de l'Est. Mais je sais très bien de quoi ils sont capables.

- Pas d'argent tant que je n'ai pas vu Gleck.

Il fait un signe vers la deuxième Mercedes, un homme sorti en tenant Gleck. Il est mal au point.

- Vous voyez? Votre ami est en vie. Si vous voulez le récupérer donner moi l'argent.

Je ne sais pas qui sont ces gens, mais ils ont fait une erreur. Une demande de rançon et ils viennent avec l'otage sur le lieu d'échange. Mais qui sont ces cons.
Je fais demi tour et je me rends à ma voiture.

- Désolé messieurs, il n'y a pas d'argent pour vous.

A ce moment là, l'homme qui tient Gleck, tombe au sol, suivi des quatre occupants de la première Mercedes. Gleck peut s'abriter. Le chef présumé sort son arme et me vise.

- Je ne ferai pas ça si j'étais vous. J'ai cinq hommes postés. Je ne tiens pas à vous tuer. Je ne sais pas qui vous êtes. Reprenez vos hommes et considérez ces pertes comme le prix à payer pour les menaces faites. Ni moi, ni mon ami vous tiendrons rigueur pour les dommages de ce soir.

- Vous faites une erreur. Une grave erreur.

- Peut être. Je vous laisse une chance. Saisissez-la.

D'un geste lent, il baisse son arme. Tant bien que mal, Gleck me rejoint et monte dans ma voiture.
Je démarre et laisse le Chef "Russe" avec ses hommes hors état de nuire.

Ils ont fait une erreur. La prochaine, ils seront plus prudents. Il faudra faire attention. Très attention.

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